Juin 072006
 

Au réveil je découvre le décor qui va être mon quotidien ces six prochains mois. Mon nouveau quartier coupé d’une rue large et défoncée où les rares voitures slaloment pour éviter les nids-de-poule. Manuel passe me prendre et me conduit au bureau. On ne pouvait rêver mieux car pour répondre à la demande de la S DC (l’équivalent suisse de l’A FD) cette première matinée est consacrée à la visite d’une caisse de micro-crédit. Et pas n’importe laquelle : la plus septentrionale, à une demi-heure de route au bout d’une piste de sable dans le lit de la nonchalante rivière Inkomati. La banlieue de Maputo est assez verte : grands arbres à cajou (cachottiers ou cajoleurs ?) aux extrémités rouges, beaucoup de bananiers, de papayes, de petites haies et de grands marchés aux boutiques minuscules de bois et de tôles qui ne semblent promettre que du Coca. Nous roulons dans la large plaine côtière, donc peu accidentée. Seuls de rares acacias parasols rappellent que la sécheresse menace cette région. A l’association de Marracuene on est loin d’une agence du Crédit agricole ! Dans le local de parpaing brut nous prenons place sur des chaises tandis que nos hôtesses s’installent sur des nattes posées sur le ciment nu. Cette association gère un peu plus de 200 membres pour un en-cours de crédit de 7000 euros. Les plus gros prêts ne dépassent pas les 150 euros et sont remboursables sur 6 mois. Chaque animatrice décrit sa fonction en portugais mais bien vite la conversation se poursuit en ronga (ou calanga) deux langues proches parmi la trentaine que compte le pays. La traduction devient complexe : pour arriver au français on passe par l’interprète ronga puis portugais ! On comprend quand même que ces dames sont heureuses de cette activité de gestion de micro-crédit qui leur permet qui de changer le toit de la fermette, qui d’investir dans un terrain pour nourrir ses enfants, qui d’acheter des semences ou des insecticides. Je jette un oeil sur les dossiers. Ouuups ! Les termites ont commencé à grignoter les dossiers de prêts. En matière d’organisation on ne prévoit jamais tout !
Au retour on s’arrête dans une autre association qui vient de terminer une Assemblée générale. Assez inattendu : les femmes m’embrassent très naturellement pour me saluer. L’après-midi je m’installe à mon ordinateur flambant neuf et commence à travailler sérieusement.

Maputo, rue Maguiguana (c) Yves Traynard 2006